Pourquoi Angélina Jolie s'est fait retirer les seins ?

ou le cancer BRCA

 Pourquoi Angélina Jolie s’est fait retirer les seins et pourquoi le dépistage du cancer est central ?

Vous connaissez probablement Octobre rose : le mois de la sensibilisation au dépistage du cancer du sein. Eh bien ce cancer fréquent mérite une vigilance tout au long de l’année. Alors revoyons quelques notions en s’intéressant à une forme particulière : le cancer génétique lié au BRCA. Même si c’est une forme rare, nous allons poser les bases de ce qu’est un dépistage et nous allons apprendre comment avoir une longueur d’avance sur un cancer. Et sentez-vous concerné messieurs car nous allons voir comme cette pathologie intéresse les deux sexes.

Aujourd’hui, nous allons voir pourquoi Angélina Jolie s’est faite retirer les seins, mais aussi les ovaires. Sert-il de présenter cette actrice ô combien connue. Mais nous n’allons pas nous intéresser à ses rôles au cinéma. En 2013, elle avait fait preuve d’un courage admirable en rendant publique  sa double mastectomie : elle s’était alors faite retirer les deux seins et, quelques années plus tard, les ovaires. Mais alors pourquoi ?

Eh bien, elle est porteuse d’une anomalie génétique d’un gêne : le BRCA 1. Avec son frère le BRCA2, ils interviennent dans la réparation de l’ADN. Et leur mutation augmente le risque du cancer du sein et des ovaires. Cette mutation touche environ une femme sur 500 en France

Angélina Jolie, elle, a pu suivre de près la difficulté de ce type de maladie. Sa mère est décédée d’un cancer de l’ovaire à 56 ans après des années de lutte.

Il lui a donc été proposé une chirurgie appelée chirurgie de réduction du risque : on retire les organes à l’origine du cancer avant que ce dernier apparaisse. .

C’est une décision lourde et difficile. En effet, on vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Pour comparer, il faut se rappeler qu’une femme sur 100 environ développera un cancer du sein dans sa vie. Eh bien si l’on prend 100 femmes atteintes d’une mutation BRCA, jusqu’à 60 développeront un cancer du sein avant 75 ans et jusqu’à 40 un cancer des ovaires. Ce sont en plus des cancers qui arrivent plus tôt dans la vie, parfois multiples et agressifs.

Mais au moment de prendre la décision, on n’est pas malade.

Et la chirurgie n’est pas une mince affaire. Cela touche notre intégrité physique. Il se joue en plus la représentation du corps. On sait que, à tord ou à raison, la poitrine n’est pas qu’un organe nourricier. Il représente en partie la féminité et la beauté pour soi-même et pour les autres.

Puis il y a une différence entre les statistiques et la vraie vie. Soyons franc : quand je vous dis que 60 femmes sur 100 portant la mutation BRCA aura un cancer du sein, qu’est-ce que cela veut dire pour vous ? C’est beaucoup ? C’est finalement proche de la moitié ?

Donc quand on est porteur de cette mutation et que l’on vous dit cela à 20 ans avec la vie devant vous, pas encore d’enfant et que vous êtes en excellente santé capable de soulever le monde, on fait quoi de cette information ?

Du coup il est important d’être accompagné. Par la famille, par les médecins et les associations de patients qui font un excellent travail.

 

Mais y a-t-il d’autres solutions que la chirurgie ?

Oui, il y a le dépistage. La définition du dépistage est de rechercher une maladie de façon systématique chez un groupe de patients afin de la déceler le plus tôt possible. Ainsi on la traite plus facilement.

Alors chez les femmes qui sont porteuses de la mutation du gêne BRCA, on va rechercher des cancers de façon rapprochée pour ne pas passer à coté : des examens cliniques tous les 6 mois, des mammographies tous les ans.

Certains dépistages sont plus difficile que d’autres. C’est donc parce que rechercher le cancer des ovaires n’est pas simple que l’on va proposer de les retirer dès l’âge de 40 ans.

Mais souvent le dépistage permet de donner du temps de réflexion au patient. Et même parfois, il est suffisant pour les suivre tout au long de leur vie. C’est d’ailleurs le choix que font la majorité des femmes porteuses de BRCA.

Maintenant, qui doit penser avoir des cas de BRCA dans sa famille ?

Là il faut être attentif, et même les hommes car on va voir que leur sensibilisation va être importante.

De façon simplifiée, il faut y penser quand :

-          Il y a 3 cas de cancer du sein ou des ovaires dans sa famille du 1er ou 2e degré, c’est-à-dire de ses sœurs à ses tantes.

-          Voire un seul cancer s’il est précoce, avant 36 ans, ou bien bilatéral avant 40 ans

-          Un cancer du sein chez un homme, ce qui est rare mais qui arrive.

-          Et encore pour les hommes, des études montrent qu’un cas de cancer de prostate avant 60 ans doit être compté comme un facteur de risque de porteur le BRCA

Et rappelez-vous messieurs que vous avez des sœurs et des filles. Donc vous poser ces questions et en discuter dans la famille peut aider vos proches.

Ces critères sont simplifiés pour être mieux retenus, mais rappelez-vous, en cas de doute, que votre médecin traitant est là pour vous orienter.

 

Une décision courageuse

Donc, le choix d’Angélina Jolie fut courageux à double titre. Tout d’abord car c’est une décision difficile à prendre. Ensuite parce qu’elle en a parlé publiquement, ce qui a permis de mettre en lumière une pathologie qui mérite d’être connue. D’ailleurs, même s’il n’y a pas de chiffre fiable, il est dit que le nombre de demande de dépistage de cancer du sein et des ovaires a augmenté aux Etats-Unis les mois suivant sa déclaration. Alors chapeau bas l’artiste !

 

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